Durand, Nantes dans la France de l'ouest.

Né en 1875 à Saint-Étienne-de-Montluc, avocat en 1900, professeur d'économie politique de 1925 à 1947, Abel Durand est nommé en 1941 premier adjoint au maire de Nantes Gaëtan Rondeau. Élu conseiller général à la Libération, en septembre 1945, il est élu un mois plus tard président du Conseil général de Loire-Inférieure. Il n'a que soixante-six ans et a l'avenir devant lui : il ne quittera donc cette fonction qu'en 1970, à 91 ans, ...en conservant trois ans de plus son mandat de conseiller général du 5ème arrondissement de Nantes. On ne sait jamais. Il a été conseiller de la République ou sénateur sans discontinuité de 1946 à 1965. Ce n'était pas vraiment un homme de gauche...On lui prête même un rôle moteur dans le refus de l'installation du constructeur d'automobiles Citroën en Loire-Inférieure dans les années cinquante, au motif que cela ferait monter les salaires. Dès 1928 cependant, il avait contribué à la création d'une caisse d'assurances sociales. Mais il est vrai que bien des patrons intelligents ont fait le même choix. Il aussi été inquiété par la Gestapo, d'autres ne le risqu'aient guère... Sur la question bretonne, il se fit au début de 1941, dans son livre Nantes dans la France de l'Ouest, le porte-parole assez roublard du patronat local, soucieux de s'appuyer sur le pouvoir central (alors celui de Pétain) pour créer une grande région Ouest dans l'orbite nantaise dominée par ce patronat sans vraie vision régionale. Les Jacobins de Vichy ne tinrent aucun compte de sa plaidoirie obséquieuse et ondoyante, où se mêlent des connaissances historiques et géographiques précises, des passages dithyrambiques sur Nantes et des comparaisons parfois fielleuses à l'encontre de Rennes, des couronnes de fleurs tressées à une Bretagne que d'autres pages se satisferaient manifestement d'honorer dans un mausolée digne de son histoire.