Illustrations : nombreuses photos en noir et blanc dans le texte.
En ce début d’année 1939, la République espagnole vit ses derniers instants. La victoire de la junte militaire emmenée par le général Franco est proche. La guerre civile va jeter sur les routes de l’exil plus de 500.000 républicains qui affluent vers la France. Un cortège d’ « indésirables » est en marche. Le département des Pyrénées-Orientales est en première ligne face à ses hordes de « rouges ». Les rapports avec les cousins du Sud sont depuis très longtemps distants, de sorte qu’en 1939, pour un Français, l’Afrique commence au-delà des Pyrénées. Les ouvriers agricoles catalans ou espagnols qui travaillent en Roussillon sont perçus comme des miséreux se nourrissant de pain et d’oignons. Aussi, la peur est grande d’accueillir tous ces « métèques », communistes de surcroît. On sait aujourd’hui avec certitude que seulement un quart des 500.000 républicains étaient des ouvriers et tous n’étaient pas inféodés à Moscou ! Nombreux étaient des médecins, des avocats, des fermiers, des instituteurs, des musiciens à marcher parmi eux. À quelques exceptions près, la condescendance des Français fut terrible car il ne suffit que de quelques jours sans douche et sans repos pour avoir la gueule d’un vagabond.