Willi, La relation de couple.

Dans son traitement des couples mariés, l'observation clinique de Jürg Willi est que malgré leurs présentations de différences irréconciliables, ils manifestent des phénomènes comportementaux complémentaires dérivés de zones de conflit inconscient similaires. Son livre est une tentative d'élaboration de cette observation. Willi décrit trois principes dynamiques pour des relations saines entre partenaires. Premièrement, en accord avec Minuchin, il affirme qu'il doit y avoir des frontières relativement fermes mais flexibles entre les membres d'un couple, définissant chaque individu, et autour de la dyade, définissant le couple conjugal. Deuxièmement, il doit y avoir un équilibre relatif de l'estime de soi dans le mariage. Enfin, chaque partenaire doit avoir la possibilité d'utiliser avec souplesse ce qu'il appelle des réponses "progressives" et "régressives" aux conflits dynamiques. Cette dernière idée est la clé pour comprendre sa notion de "collusion". Dans les relations pathologiques, selon Willi, les conflits inconscients peuvent être extériorisés, mis en scène et stabilisés de manière rigide dans un mariage à des moments où les partenaires ont tous deux des zones de vulnérabilité similaires et où ils développent des manières complémentaires et inconsciemment collusives de gérer leurs conflits partagés. Cette complémentarité se manifeste lorsque l'un des partenaires extériorise le conflit de manière régressive et que l'autre utilise la formation de réaction ("progressive") ou d'autres formes de déni et de formation de "façade adulte". Willi suggère : "Ils se voient comme des opposés irréconciliables, alors qu'en fait ils se complètent et créent un tout." Willi décrit quatre modèles de collusion, dont il voit des variations dans tous les mariages : narcissique, oral, anal et phallique. Dans le modèle narcissique, la division comportementale se fait entre un partenaire qui manifeste la formation réactionnelle de la grandiosité et de la dévalorisation (avec une impitoyabilité sous-jacente) et un autre qui affiche l'image régressive de l'infériorité et de l'idéalisation (avec un désir sous-jacent de piéger). La division orale est entre nourrir (critique) et être nourri (insatiable et ingrat). Le schéma anal-sadique est celui dans lequel un partenaire est autonome (tyrannique) et l'autre passif-dépendant (négligent et sans engagement).